Coordination
de soutien à l'université de Savoie le
10 juin 2012
Seconde
lettre ouverte à Madame la Ministre
de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche,
de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche,
Objet :
Devenir des universités associées à des territoires excentrés des
pôles académiques - cas de l’université de Savoie
Madame
la Ministre,
Nous
vous avons fait parvenir une première lettre ouverte par un
courrier envoyé le 20 mai 2013, au démarrage de la première
lecture à l'assemblée nationale du projet de loi ESR.
A
nouveau nous vous faisons part de notre vive inquiétude sur la
question du regroupement des universités (article 38 du projet de
loi). Nous vous interpellons pour soulever le cas des universités
associées à des territoires excentrés des pôles académiques,
comme en particulier l'université de Savoie, pour laquelle nous
avons lancé une pétition de soutien.
Nous
réaffirmons que ce projet, s'il est approuvé tel quel, aura des
effets à l'opposé des objectifs énoncés. Il ne rétablira pas
l'ascenseur social. Bien au contraire,
il sera une source majeure d'injustice sociale. Il mènera rapidement
à l'amplification d'inégalités entre les territoires.
En
concentrant les centres de décisions universitaires dans les villes
sièges des rectorats académiques, ce projet favorisera certaines
populations au détriment des autres. Les territoires les plus
excentrés seront transformés en déserts éducatifs et
intellectuels.
Les
objectifs qui se dessinent dans ce volet du projet de loi sur
l'enseignement supérieur posent des questions :
-
S'agit-il de satisfaire les lobbies mégalomanes des métropoles
émergentes ? S'agit-il de regrouper les moyens pour satisfaire
une vision élitiste, pilotée par des critères internationaux
dépourvus de toute considération sociale et humaine ?
-
Ne devrait-on pas à l'inverse attendre de l'université qu'elle
s'adapte aux territoires ? Qu'elle les enrichisse par la
dynamique intellectuelle, culturelle, économique qu'elle peut leur
apporter. Ne doit-elle pas justement tisser des liens avec le tissu
socio-économique local ?
A
l'heure de la crise, à l'heure où l'ultralibéralisme a laissé se
développer des prix exorbitants dans l'immobilier, pensez-vous que
beaucoup de familles peuvent encore s’offrir le luxe d’un
logement étudiant dans une grande ville universitaire ?
Pourquoi
mettre sous tutelle administrative les petites universités, alors
que les enquêtes démontrent qu'elles offrent les meilleurs taux de
réussite en licence ?
L'université
de Savoie est un cas que vous devez bien connaître puisqu'elle est
située dans l'aire géographique de l'académie Grenoble, ville où
vous êtes élue, et qui serait le siège de la future université
fusionnée.
Cette
université de Savoie a aujourd'hui largement fait ses preuves. Elle
a su développer dans les Pays de Savoie des services adaptés et
reconnus. Elle compte désormais 13 000 étudiants et ne cesse de
progresser aussi bien sur le plan quantitatif - car les Pays de
Savoie connaissent une croissance démographique forte - que sur le
plan qualitatif : elle est en septième position au classement
national pour la réussite en licence. Elle possède en outre une
grande cohérence : elle est pluridisciplinaire et bien adaptée
à son territoire qui est clairement défini.
Si
ce projet de loi devait être approuvé, l’université de Savoie,
qui a vu le jour en 1979, ne pourrait que choisir entre fusion
immédiate ou fusion différée, À minima, elle serait contrainte de
se fondre dans une communauté d'universités qui lui ferait perdre
toutes ses capacités d’initiative. Quelle régression !
Vous
ne pouvez pourtant ignorer que les cités régionales sont en
concurrence sur le plan de l'aménagement du territoire. Ce projet
mènera inévitablement à une rupture des équilibres actuels :
cette disposition de la loi mènera mécaniquement à une « OPA
hostile » sur l'université de Savoie, et sur d'autres encore
qui se trouvent dans des configurations similaires.
Au
regard de ces arguments, nous invitons tous les Sénatrices et tous
les Sénateurs à modifier ou rejeter l'article 38, et si cela n'est
pas retenu, à voter contre le projet dans sa globalité.
La
coordination de soutien à l'université de Savoie
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