mercredi 12 juin 2013

Seconde lettre ouverte à Madame la Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.



Coordination de soutien à l'université de Savoie                                        le 10 juin 2012


Seconde lettre ouverte à Madame la Ministre
de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche,


Objet : Devenir des universités associées à des territoires excentrés des pôles académiques - cas de l’université de Savoie


Madame la Ministre,

Nous vous avons fait parvenir une première lettre ouverte par un courrier envoyé le 20 mai 2013, au démarrage de la première lecture à l'assemblée nationale du projet de loi ESR.

A nouveau nous vous faisons part de notre vive inquiétude sur la question du regroupement des universités (article 38 du projet de loi). Nous vous interpellons pour soulever le cas des universités associées à des territoires excentrés des pôles académiques, comme en particulier l'université de Savoie, pour laquelle nous avons lancé une pétition de soutien.

Nous réaffirmons que ce projet, s'il est approuvé tel quel, aura des effets à l'opposé des objectifs énoncés. Il ne rétablira pas l'ascenseur social. Bien au contraire, il sera une source majeure d'injustice sociale. Il mènera rapidement à l'amplification d'inégalités entre les territoires.


En concentrant les centres de décisions universitaires dans les villes sièges des rectorats académiques, ce projet favorisera certaines populations au détriment des autres. Les territoires les plus excentrés seront transformés en déserts éducatifs et intellectuels.

Les objectifs qui se dessinent dans ce volet du projet de loi sur l'enseignement supérieur posent des questions :

- S'agit-il de satisfaire les lobbies mégalomanes des métropoles émergentes ? S'agit-il de regrouper les moyens pour satisfaire une vision élitiste, pilotée par des critères internationaux dépourvus de toute considération sociale et humaine ?

- Ne devrait-on pas à l'inverse attendre de l'université qu'elle s'adapte aux territoires ? Qu'elle les enrichisse par la dynamique intellectuelle, culturelle, économique qu'elle peut leur apporter. Ne doit-elle pas justement tisser des liens avec le tissu socio-économique local ?

A l'heure de la crise, à l'heure où l'ultralibéralisme a laissé se développer des prix exorbitants dans l'immobilier, pensez-vous que beaucoup de familles peuvent encore s’offrir le luxe d’un logement étudiant dans une grande ville universitaire ?

Pourquoi mettre sous tutelle administrative les petites universités, alors que les enquêtes démontrent qu'elles offrent les meilleurs taux de réussite en licence ?

L'université de Savoie est un cas que vous devez bien connaître puisqu'elle est située dans l'aire géographique de l'académie Grenoble, ville où vous êtes élue, et qui serait le siège de la future université fusionnée.

Cette université de Savoie a aujourd'hui largement fait ses preuves. Elle a su développer dans les Pays de Savoie des services adaptés et reconnus. Elle compte désormais 13 000 étudiants et ne cesse de progresser aussi bien sur le plan quantitatif - car les Pays de Savoie connaissent une croissance démographique forte - que sur le plan qualitatif : elle est en septième position au classement national pour la réussite en licence. Elle possède en outre une grande cohérence : elle est pluridisciplinaire et bien adaptée à son territoire qui est clairement défini.

Si ce projet de loi devait être approuvé, l’université de Savoie, qui a vu le jour en 1979, ne pourrait que choisir entre fusion immédiate ou fusion différée, À minima, elle serait contrainte de se fondre dans une communauté d'universités qui lui ferait perdre toutes ses capacités d’initiative. Quelle régression !

Vous ne pouvez pourtant ignorer que les cités régionales sont en concurrence sur le plan de l'aménagement du territoire. Ce projet mènera inévitablement à une rupture des équilibres actuels  : cette disposition de la loi mènera mécaniquement à une « OPA hostile » sur l'université de Savoie, et sur d'autres encore qui se trouvent dans des configurations similaires.

Au regard de ces arguments, nous invitons tous les Sénatrices et tous les Sénateurs à modifier ou rejeter l'article 38, et si cela n'est pas retenu, à voter contre le projet dans sa globalité.


La coordination de soutien à l'université de Savoie

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